Basé à Sombreffe, Equi Rêve recueille depuis près de dix ans des chevaux et poneys maltraités, abandonnés ou encore saisis. Ce refuge a la particularité d’héberger ses pensionnaires en paddock paradise et d’utiliser l’approche éthologique pour mieux communiquer avec eux. Mais Equi Rêve est aussi un lieu d’échange, où le bien-être des équidés comme celui des humains est valorisé au travers de multiples activités. Visite et découverte : © Christophe Bortels
30 mars 2023
Tao, Céline, Petite Lu, Prince… Qu’ils soient pur-sang arabe, cheval de trait, shetland ou encore trotteur, les équidés hébergés chez Equi Rêve à Sombreffe ont pour la plupart un vécu (très) difficile. Certains sont arrivés au refuge après avoir été retrouvés errant sur la route, d’autres ont été abandonnés ou négligés par leurs propriétaires, ou encore saisis par les autorités à cause de maltraitances. Tous profitent aujourd’hui d’une meilleure vie grâce à Nadège Lebon, qui a fondé l’ASBL Equi Rêve il y a bientôt dix ans. Amoureuse inconditionnelle des chevaux, la cavalière a suivi un parcours assez classique jusqu’à la rencontre avec Rêve, sa première jument. « C’était la concrétisation d’un rêve puis environ un mois après l’avoir achetée, j’ai commencé à remarquer quelque chose de bizarre et il s’est avéré que Rêve avait le syndrome de Wobbler (ndlr : malformation acquise ou congénitale d’une ou plusieurs vertèbres cervicales qui entraine des problèmes de coordination). Le marchand qui me l’avait vendue m’a proposé de l’échanger mais cela signifiait très probablement qu’elle finirait à la boucherie, donc j’ai préféré la garder et je me suis mise à chercher des solutions pour composer avec son handicap. »
Nadège Lebon a ainsi découvert l’approche éthologique et la méthode Pat Parelli, auxquelles elle s’est formée au Haras du Plessis en France. De retour en Belgique, elle s’est impliquée comme bénévole au sein de l’ASBL et refuge Equinergie, « où j’ai découvert ce que c’était de prendre soin des chevaux maltraités », confie-t-elle. Cette expérience a duré quelques années et a donné l’envie à Nadège Lebon de s’impliquer davantage dans la protection animale, ce qui a abouti à la création d’Equi Rêve en 2014.
Un hébergement adapté aux besoins de chacun
L’ASBL est spécialisée depuis le début dans le sauvetage d’équidés et elle a obtenu plus récemment le statut de refuge agréé, ce qui lui permet d’également accueillir les chevaux issus de saisies réalisées par les autorités. Aujourd’hui, Equi Rêve héberge 26 chevaux et poneys – à peu près sa capacité maximale. Ces rescapés vivent en petits groupes dans des paddocks paradise, soit des pistes extérieures au fil desquelles les chevaux se déplacent et trouvent des zones de repos, d’alimentation, d’abreuvement ou encore différents sols qui stimulent les pieds.
« J’ai découvert le paddock paradise lors de ma formation au Haras du Plessis et cette formule m’a séduite car elle répond aux besoins éthologiques et physiologiques des équidés », explique Nadège Lebon. « Cela encourage les chevaux à se déplacer davantage et c’est très ludique. J’observe que grâce à ce mode de vie, les équidés sont plus sereins et il y a beaucoup moins de conflits. On a cependant adapté les paddocks paradise aux pathologies de nos pensionnaires, et l’on a par exemple une version simplifiée (notamment au niveau des sols) pour nos chevaux les plus âgés et les plus abimés. Certains passent par ailleurs la nuit en boxe parce que leur santé le réclame, ou parce qu’ils y sont habitués et sont plus sereins comme cela. »
Certains équidés du refuge bénéficient même d’installations spéciales, comme Petite Lu qui est malvoyante et vit dans un petit paddock avec abri. Nadège Lebon et les bénévoles d’Equi Rêve s’adaptent en effet à chaque pensionnaire, aussi bien au niveau du mode de vie que des soins et de l’alimentation. Les médecines alternatives (huiles essentielles, kinésiologie, homéopathie,…) complètent les traitements traditionnels et les équidés du refuge ont droit à des soins shiatsu grâce à un partenariat avec l’école itinérante de shiatsu équin Ki & Zen.
Etant donné son parcours professionnel, Nadège Lebon a aussi intégré l’approche éthologique au sein du refuge et son utilisation au quotidien s’avère très efficace : « Lorsqu’on approche un cheval maltraité en utilisant son langage, la relation change du tout au tout. Cela peut prendre des mois mais l’approche éthologique nous aide à rétablir du respect et de la confiance entre ces équidés et nous. Elle simplifie également les soins et rend les manipulations plus sûres pour tout le monde, à commencer les bénévoles. »
Echanger et sensibiliser
Equi Rêve ne se contente pas de garantir le bien-être de ses pensionnaires : le refuge sensibilise aussi le public à ce sujet via de multiples initiatives comme la présence lors de salons, la communication sur les réseaux sociaux,… Grâce à ses infrastructures (notamment un manège couvert), le refuge accueille aussi régulièrement des stages pour enfants axés sur la découverte des poneys et chevaux, des formations en lien avec le shiatsu, des cours et stages d’éthologie animés par Natacha Moureau (Alter Equo), etc.
Ces activités sont essentielles aux yeux de Nadège Lebon, car elles génèrent des échanges précieux et bénéficient autant aux humains (en difficulté ou non) qu’aux chevaux du refuge. Elles correspondent aussi à la devise d’Equi Rêve : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Pour le refuge, les activités sont par ailleurs une source de revenus nécessaire car l’ASBL ne bénéficie d’aucun subside. Comme beaucoup d’autres refuges, ses principales sources de revenus sont les dons et legs, les cotisations des membres ou encore les parrainages de chevaux et poneys. Et hélas, la charge de travail et les équidés à sauver ne diminuent pas… « Nous avons énormément de demandes, notamment de la part de particuliers qui ne savent plus assumer leur cheval », observe Nadège Lebon. « Nos capacités sont limitées par l’espace dont nous disposons mais nous avons effectué cinq prises en charge l’an dernier. Par contre les adoptions sont rares, et nous aimerions qu’elles soient plus nombreuses car elles permettent aux chevaux de trouver une famille et elles libèrent en même temps de la place pour d’autres équidés qui en ont besoin. »
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’ASBL Equi Rêve, rendez-vous sur leur site ou leur page Facebook
© Christophe Bortels
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